Cette photo a été prise le 11 janvier 2015 lors de la marche républicaine. Il a souhaité illustrer la détresse, l’incompréhension et la mobilisation suite à l’affaire Charlie Hebdo. La photo est très forte. On lit tellement de sentiments dans le regard de cette foule : indignation et désolation, tristesse et détermination. Le jeune homme du premier plan semble montrer le chemin, être la proue d’une époque où de tels évènements ne devraient pas pouvoir exister.(Françoise Hillemand, www.fh-photographie.com)
Jean-Yves est retraité d’EDF et partage son temps libre entre ses divers centres d’intérêt : le golf, la moto, les voyages et, bien sûr, la photo. C’est cette dernière qui nous intéresse ici. Elle fait partie de la vie de Jean-Yves depuis très longtemps. D’aussi loin qu’il puisse se souvenir, il a toujours aimé faire des photos. L’utilisation de verbe « faire » et non « prendre » est révélatrice pour notre photographe. Ainsi, une photo réussie est pour lui un beau tirage papier mettant en valeur une prise de vue qui doit raconter une histoire. Il faut donc une bonne lisibilité de l’image avec du contraste, du noir, du blanc et généralement une gamme de gris. Et le moins que l’on puisse dire est que Jean-Yves excelle dans ses tirages. Ils sont toujours à la fois d’une grande force et d’une grande délicatesse. C’est un art en soi.
Ses tirages font d’ailleurs partie du style, de la signature « Jean-Yves Busson ». Ils accompagnent un travail long et poussé sur un thème, comme celui de la Tour Eiffel. Il fait des photos à l’instinct sans trop se poser de questions, notamment sur ce qui va plaire ou non. Il emploie exclusivement des focales courtes, un seul boîtier, pas d’autofocus, uniquement de l’argentique et du noir et blanc.
Lorsqu’il décide de sortir prendre des photos, il faut que la lumière soit belle. Elle est la condition pour bien voir. La sortie est uniquement dédiée à la photographie. Elle est aussi individuelle afin de pouvoir attendre, au même endroit, sans contrainte de temps, et être disponible pour regarder ce qui se passe autour de soi.
Jean-Yves observe les passants sourire, s’amuser, s’en aller, discuter, bref, vivre. Ils sont seuls ou dans un décor. Cette photographie datant d’octobre 2013 en est l’exemple. Il a vu ce touriste avec sa Tour Eiffel, l’a suivi quelques minutes. Lorsque cet homme mit l’objet sur son dos et que la lumière s’est retrouvée bien placée, tout était en ordre pour appuyer sur le déclencheur de son Leica monté d’un 35 mm. Jean-Yves s’est judicieusement placé au plus près de la tour et de son porteur. Nous n’avons pas besoin de voir son visage, ce n’est pas le sujet. On ne voit et on ne regarde que la Tour Eiffel qui ressort avec force et caractère sur la veste noire. Ne nous y trompons pas, c’est elle, représentant les rues parisiennes, le sujet. Elle réalise dans cette photo sa place de star et de symbole parisien.(Françoise Hillemand, www.fh-photographie.com)
Chacun connaît l’importance que revêtent pour lui le développement et le tirage argentique. Il aime l’odeur du fixateur et les heures passées au labo. Il estime aussi qu’il y a rien de plus gratifiant en photographie que découvrir, lors du développement que le négatif est bien conforme à la vision qu’on a eu au moment de la prise de vue, et qu’on peut le magnifier par un beau tirage papier (…). Sa fascination va au reportage et à la photographie humaniste en noir et blanc. Ce sont aussi les directions photographiques qu’il embrasse. Sa photographie doit raconter une histoire sans avoir besoin de titre ou d’explication. Elle doit se suffire à elle-même sans long discours. La photographie choisie en est un parfait exemple. Elle fait partie d’une série commencée en 2005 où la Tour Eiffel doit figurer sur chaque photo. Mais elle a aussi son caractère propre. Elle raconte son histoire avec indépendance et force.
Jean-Yves a rapidement remarqué cette bande de terre mise à nu suite à des travaux et bosselée en premier plan, et voulait l’utiliser. La question était : comment ? Il vérifie la lumière, effectue la mise au point en réglant la bascule de l’objectif pour le maximum de netteté du sol et attend. Il attend le quelque chose en plus qui va faire d’une bonne photo une excellente photo. Ce «plus » va être cette petite fille qui se mit à courir sur cette bande de terre pendant quelques secondes. Il la prend rapidement alors quelle fait des allers-retours. Le fait qu’elle soit en hauteur lui donne une grande force visuelle. Elle ne se laisse pas effacer par notre Dame de Fer mais affirme sa présence avec énergie et d’un pas décidé. Elle la défie silencieusement mais frontalement. La confrontation est imminente. Une histoire est née. (Françoise Hillemand, www.fh-photographie.com)
D’autant que Jean Yves s’en souvienne la photo a toujours été une passion (…). Il marque aussi sa pratique du développement et tirage argentique qui est admirée et enviée de tous au club. Il a acquis son savoir-faire lors des séances argentiques du samedi et l’approfondit encore aujourd’hui chez lui dans son laboratoire personnel ou il travaille avec ses propres chimies. Le tirage argentique a pour Jean Yves une grande importance dans le processus photographique. Ainsi, s’il admire Ansel Adams et Michael Kenna c’est autant pour la beauté et la qualité de leurs tirages que pour leurs talents de photographes. Cette dualité est aussi présente dans sa propre œuvre. Ainsi, on s’enthousiasme devant la sureté de son œil mais aussi devant la qualité de ses tirages tel celui que l’on a pu admirer à la dernière séance papier.
Cette tête de cochon a été prise dans l’intriguant et fascinant marché aux fétiches de Lomé. Elle s’intègre dans une série représentant des têtes d’animaux réalisée au même lieu durant l’année 2009 2010 au cours de cinq déplacements au Togo.
Déclencher son moyen format dans ce lieu unique n’est pas forcément aisé. Cependant, Jean Yves a su négocier avec le chef du marché (…) le droit de tout déplacer et photographier. Pour la photo elle-même, il a besoin de peu : une chaise, un tissu en velours noir acheté au marché Saint Pierre, un pied, une cellule et son Rolleiflex équipés de bons objectifs Zeiss.
Le résultat est impressionnant. Le tirage est véritablement magnifique. Il a tout ce qu’il faut: du noir, du blanc, des gris, du relief et du contraste. On oublie l’animal mort pour admirer la finesse des Détails : le pelage, l’œil qui semble presque vivant ou encore la délicatesse de l’oreille. On ne voit plus une tête coupée mais une œuvre d’art. (Françoise Hillemand)
Cette photo (….) a été prise lors de vacances à Cuba en 2008. Elle fait partie d’une série où Jean-Yves s’attachait à mettre en avant une capricieuse locomotive de 1915 (capricieuse car elle tombe régulièrement en panne, Jean-Yves évoque ce dernier point avec la voix de l’expérience). Cette photo n’évoque pas forcément Cuba. C’est une volonté de l’auteur. Ainsi, il a choisi le Rolleiflex SL 66E avec l’intention d’accentuer l’ambiance western qui en transpire. En effet, comment ne pas penser au Far West quand on regarde cette photo. La locomotive fumante, l’homme et son chapeau qui se balance sur sa chaise : tout est là et parfaitement mis en valeur dans un cadrage minutieux. Jean-Yves parvient à nous transporter à une autre époque. Un regard et nous nous évadons dans un autre monde peuplé de cowboys. Au revoir Paris, au revoir Cuba et bonjour la conquête de l’ouest. (Françoise Hillemand)